
Depuis quelques semaines, et l’annonce de la mise en liquidation de la partie hôtellerie et restauration des Thermes de Plombières-les-Bains, l’avenir de cette activité séculaire enflamme les conversations et suscite divers articles et réactions. S’il est parfaitement compréhensible d’entendre les craintes qu’expriment les Plombinois, il convient toutefois de rappeler certaines vérités.
Au milieu des années 1990, à l’initiative de la ville de Plombières-les-Bains, qui avait racheté le domaine thermal à l’État, une société d’économie mixte (SEM) gérait l’activité. Malgré 6 millions d’euros d’investissements, essentiellement pour des travaux de remise aux normes, la SEM a été placée en liquidation judiciaire en mars 2002, avec un passif estimé à 2,8 millions d’euros.
Ayant échoué à reprendre à son compte l’exploitation des thermes, la ville s’est alors tournée vers une société privée, le groupe Élysée-Vendôme, spécialisé en gestion patrimoniale … Mais l’expérience a tourné court et en 2011 la société s’est à nouveau retrouvée placée en redressement judiciaire. Elle a été rachetée par le groupe AVEC (alors appelé DocteGestio). La mairie, par l’intermédiaire de son maire de l’époque Frédéric Dubouis, s’était également positionnée pour reprendre les Thermes mais le dossier n’avait pas convaincu le Tribunal de commerce. Les investissements que ce plan prévoyait pour les travaux urgents n’excédaient pas 100 000 euros par an.
Lorsque nous sommes arrivés à la tête des Thermes en 2011, c’est un établissement qui avait souffert de sous-investissements depuis près de 20 ans que nous avons trouvé. L’État et les collectivités, jusque-là soutiens de l’activité, s’étaient désengagés.
Le Groupe AVEC a pris le relais avec les moyens qui sont les siens. En 13 années, plus de 13 millions d’euros ont été injectés par le groupe dans la station. Une partie de cet argent a été consacré à des investissements de remise à niveau (remplacement du matériel thermal, travaux lourds liés à l’entretien des bâtiments, rénovation du réseau d’eau). Au total, ce sont quelque 6 millions d’euros qui ont été consacrés à la remise en état des installations, dont 3 millions sur la période récente (2022-2024) afin de répondre aux injonctions de l’agence régionale de santé (ARS) en matière de sécurité sanitaire du réseau d’acheminement des eaux thermales chaudes et froides.
Par ailleurs, le financement des pertes d’exploitation des deux sociétés NSRN et NCTP s’est élevé à 7 millions d’euros, correspondant à environ 500 000 euros de perte annuelle en moyenne pour les deux sociétés depuis 2011.
Beaucoup nous est reproché mais nos détracteurs oublient les trois éléments de contexte suivants :
- Nous avons subi la crise COVID-19 qui a fortement impacté la fréquentation des thermes et de l’activité hôtelière en 2020 ;
- L’année suivante, en 2021, nous avons reçu une injonction de remplacement de l’intégralité du réseau d’eau par l’ARS. Les travaux qui en ont découlé ont retardé de deux ans la réouverture de la station ;
- Lors de la réouverture en 2023, nous avons eu à faire face à un nouveau coup dur: la société de conseil technique qui nous avait accompagnés dans les travaux sur le réseau a commis une erreur très importante de calibrage de ce réseau, nous conduisant à ne pouvoir accueillir que 25% des curistes habituels. Notons qu’entre-temps cette même société de conseil a déposé le bilan, nous empêchant de nous retourner contre elle.
Il faut également rappeler que la mairie est toujours restée propriétaire des eaux thermales. Nous avons cherché à plusieurs reprises à acquérir cet actif, car sans cette propriété, aucun établissement financier n’accepte d’accompagner un exploitant. Faute de soutien bancaire, l’intégralité des investissements de remise à niveau et de financement des pertes l’ont donc été sur les fonds propres du Groupe AVEC.
Aujourd’hui en difficulté financière, ce dernier ne peut plus assumer seul ce soutien indéfectible à la station thermale de Plombières.
Dans ce contexte, nous soutenons la proposition initiée par le président du Conseil départemental des Vosges, François Vannson, de créer une SEM rassemblant des collectivités locales et le Groupe AVEC. Seul ce projet est en mesure de sauver ce magnifique établissement et de réaliser les investissements nécessaires pour donner un avenir aux Thermes de Plombières. Seule la mobilisation de toutes les énergies locales permettra à la ville d’éviter le sort de la station de Bourbonnes-les-Bains.
Il est dommage que la Mairie se soit désolidarisée de ce projet, le privant de toute chance de voir le jour. Alors qu’il n’a pas la capacité à reprendre la propriété et l’exploitation du site, le Conseil municipal s’entête dans une position qui ne peut que conduire à la liquidation des Thermes. Entre un projet fédérateur, seul capable d’affronter la crise que traverse le thermalisme en France, et une opposition non constructive car elle ne propose aucune réelle alternative, il ne devrait pas y avoir de place au doute. Pourtant la ville de Plombières-les-Bains continue à refuser tout dialogue avec nous alors que le temps file et qu’il ne reste que peu de temps pour préparer la prochaine saison thermale.